mercredi 24 août 2016

Les Romans dans les tiroirs - 2 - GenEuropa, de Jean-Dominique Castaing



L’auteur

Quand Jean-Dominique Castaing, professeur d’Anglais dans un collège de centre-ville à Clermont-Ferrand, est parti à la retraite en 2013, le principal de son établissement, son adjoint, quelques inspecteurs pédagogiques et de nombreux responsables du rectorat ont cru que la faconde de ce syndicaliste confirmé (sous forme de nombreux mails électroniques ou de courriers avec accusé de réception) s’apaiserait et trouverait d’autres cibles que leurs méthodes, leurs organisations, leurs devoirs, leurs manquements, leurs dispositions à œuvrer ou non dans le ‘‘ bon sens ’’.
De fait, entré dans un nouveau cycle, ce prosateur fécond a rédigé des courriers aux groupes industriels les plus connus, à quelques députés particulièrement médiatisés, au Nouvel Observateur et à Télérama, au maire de Clermont-Ferrand, au groupe Écologie-Les Verts section Auvergne (courrier accompagné de sa carte d’adhérent) ainsi qu’à la direction du parc Vulcania (pour un différend concernant son petit-fils accusé de vol à la boutique du parc). Il a également soulagé sa plume sur les forums du Progrès et de Libération sous le pseudonyme TheOutCAST. Malgré toutes ces occupations, il n'a pas négligé de se rappeler régulièrement à son ancienne hiérarchie, en relayant au plus grand nombre les protestations de ses collègues.


Il est remarquable que Jean-Dominique Castaing n’a composé qu’un seul roman, tant son besoin d’écrire semble intarissable.

Son roman dans le tiroir

GenEuropa

Résumé :
Jean-Philippe est un jeune homme brillant qui n’a jamais pu s’épanouir à l’école tant notre système scolaire est modelé par la compétition et l’évaluation, et néglige la créativité et la liberté des élèves. Après avoir laborieusement obtenu un bac pro, parmi d’autres camarades en souffrance, rebelles à toute autorité et d’une violence significative entre eux, jeunes à la dérive, syndromes de notre incapacité à protéger les tempéraments les plus sensibles, Jean-Philippe s’inscrit à la fac, en langues étrangères appliquées et révèle soudain l’étendue de son talent. Il passe le concours d’entrée d’une grande école de management et se retrouve catapulté parmi l’élite. Un grand groupe international, GenEuropa repère son parcours atypique et l’intègre parmi une fournée de jeunes pousses prometteuses.
GenEuropa est une de ces compagnies puissantes et complexes qui regroupent plusieurs entreprises aux activités diverses : pharmacie, recherche médicale, technologie de pointe, aéronautique, armement, grande distribution et même groupe hôtelier et régie publicitaire.
En quelques mois, Jean-Philippe progresse rapidement dans l’estime de sa hiérarchie. Mais, après cette première phase d’intégration, survient le traditionnel don du sang, qui permet de mettre en évidence ’’ les valeurs d’humanité, de partage et de responsabilité qui animent le groupe GenEuropa ’’. Les nouveaux employés se montrent tous volontaires et fiers de participer à cette matinée d’action en faveur de la santé nationale, suivi d’une collation chaleureuse, décontractée, en présence du directoire du groupe et de son service communication. Au cours de cet agréable petit déjeuner, Jean-Philippe sympathise avec l’une des infirmières, Isabelle, et lui fait la cour. Tout le monde oublie bientôt ce petit événement. Pourtant, Jean-Philippe connaît de plus en plus d’obstacles dans son quotidien et, même, d’actes subreptices de malveillance. Son travail est régulièrement saboté, il se trouve mis en délicatesse par son chef qui le somme de donner des explications à des situations de plus en plus embarrassantes. Jean-Philippe est bientôt sur la sellette : les ressources humaines le convoquent pour lui remettre un dossier étayé de nombreuses prétendues fautes graves et atteintes au secret professionnel. On lui soumet un choix : soit il remet sa démission, soit il sera avili publiquement par le contenu de ce dossier. Il a une semaine pour se décider.
C’est alors qu’Isabelle l’infirmière avec laquelle il a entamé une timide relation amoureuse lui révèle un secret abominable : les dons du sang servent en réalité à dépister des anomalies génétiques ou des conditions de santé précaire, afin d’évacuer les individus fragiles, dont les problèmes entraîneraient des pertes financières pour GenEuropa. Ensemble, Jean-Philippe et Isabelle mènent l’enquête et tentent de déjouer les pièges du redoutable engrenage.
Extrait :
« Isabelle fronça les sourcils et tendit quelques feuillets à Jean-Philippe. ‘’ Lis si tu veux, dit-elle d’une voix détachée, quasi monocorde, ils ont établi jusqu’à la date de ta mort, ces salauds… ‘’
Jean-Philippe haussa les épaules et fourra sans y attarder un regard les preuves atterrantes de la duplicité de GenEuropa dans sa sacoche. »

Format

416 pages, Garamond 12, interligne simple.

Accueil critique

GenEuropa a été imprimé en quinze exemplaires, entre 2005 et 2008, sur la photocopieuse du collège où travaillait Jean-Dominique Castaing.
La plupart des exemplaires ont été bien reçus, feuilletés avec attention, voire lus avec intérêt, notamment par les camarades syndicalistes de l’auteur.
Corinne Gervais, du SNES, professeur d’histoire-géographie, a apprécié l’ouvrage et a ainsi raillé l’écrivain : ‘’c’est plutôt rafraîchissant de redécouvrir tes obsessions, intéressant même… la seconde partie m’a fait plaisir. Disons que cela m’a changé de tes critiques sur ma pédagogie. ‘’
Rémi Floche, de la CGT-Sud éducation, professeur de SVT, a mis en valeur le talent de son collègue : ‘’ C’est énorme ! Comment t’as fait ça ? Moi, je pourrais jamais écrire autant. Non, puis c’est vraiment bien chiadé, hein ! Tu peux être enfin fier d’un truc. C’est un thriller, digne des films américains. ’’
Les manuscrits envoyés aux éditeurs ont été retournés à Jean-Dominique Castaing. Tout laisse à penser que les lecteurs de ces maisons n’ont pas dépassé la lettre de présentation, très complète et circonstanciée, peut-être à cause des pages où l'auteur fustige le manque d’indépendance et de liberté des éditeurs français.

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