« Quelle horreur,
quel cauchemar… »
Edris se troubla. Il
n’aimait pas beaucoup le mollah qui venait de trépasser tout près de lui, mais
les scènes de violence et la mort le révulsaient plus encore. Javad et lui
trouvèrent un pas de porte où se blottir et ils tombèrent assis, sanglotant
d’effroi dans les bras l’un de l’autre.
Profitant d’une percée
dans la foule, Javad tira Edris hors de la scène de crime, vers l’avenue.
Javad dit à
Edris : « moi aussi, comme le mollah, j’ai eu envie de dire la vérité
une fois que j’ai bu pour me désaltérer…
— Et moi, je n’ai pas eu
le temps de boire…, dit Edris. Oh, comme j’ai soif…
— Je t’en prie,
retiens-toi.
— Comme si l’on pouvait
se retenir de boire !, s’emporta Edris.
— Mon ami, tu l’as
constaté, la vérité emporte les langues ! C’est le genre de révolution qui
ne laissera pas de survivants, dit, amer, Javad.
— Il faut que je retrouve
mon oncle, c’est un grand magicien… Il pourra peut-être nous aider.
— Un magicien ? Si
tu crois que quelqu’un peut tirer son épingle d’une telle catastrophe… Mais
pour l’heure, il vaudrait mieux se mettre à l’abri…
— Allons chez moi.
Prenons un taxi. », proposa Edris.
Ce qu’ils firent ;
le meydân était tout jaune d’une foule de taxis en attente de clients.
Depuis la voiture qui
les emmenait chez Edris, ils assistèrent à d’autres scènes édifiantes dont une
qui vaut la peine d’être mentionnée et qui fit d’ailleurs ralentir le taxi afin
de mieux profiter du spectacle : un commerçant s’était soudain retrouvé
dans l’avènement de sincérité provoqué par les boissons gazeuses et il se
faisait prendre à partie par d’autres marchands. Ils le tenaient au collet et
lui frottaient les joues et les cheveux, en le traitant d’infâme menteur ! Mais il s’acharnait à dire la vérité sur son
commerce d’importation, ses petits arrangements avec les autres commerçants et
les autorités, il décrivait la belle escroquerie en bande organisée…
« Menteur ! Menteur ! », hurlaient les marchands offensés.
Le taxi redémarra quand cette foule eut fini par bâillonner l’embarrassant
collègue.
Pris dans des
embouteillages, le chauffeur de taxi ouvrit une glacière qui était lovée contre
son siège passager et en tira une limonade.
« Je vous
déconseille de boire cela… », fit Javad.
Le chauffeur jeta un
œil dans son rétroviseur au jeune homme, émit un rire bref et décapsula sa
canette en disant :
« Merci de vous
préoccuper de ma santé à ma place ! »
Puis il but quelques
gorgées.
Ensuite, comme on peut
s’y attendre, il se mit à parler continument. Il dit toutes sortes de vérités
peu intéressantes, du genre :
« J’ai mal au dos,
c’est de rester assis toute la journée, ça doit être ça. »
« C’est long, les
embouteillages… »
« Ma femme me dit
que j’ai pris trop de poids, ces derniers temps. Pourquoi est-ce qu’elle se
permet de critiquer mon poids ? Et d’ailleurs, elle s’intéresse au poids
de tout le monde, par exemple quand elle regarde la télé […] »
« Il y a des gens
qui se laissent doubler et d’autres qui ne supportent pas ça. »
« Je ne vous ai
pas dit qu’en plus d’avoir des douleurs dans le dos, en plus j’ai vraiment mal
aux fesses… »
Etc.
Javad fit d’ailleurs
une remarque sur le manque d’intérêt de la conversation du chauffeur.
Lequel les déposa enfin
et leur dit :
« Voilà, ça fait
environ quatre-vingt-dix tomans. En temps normal, je vous en aurais demandé deux
cent parce que monsieur a l’air de bien gagner sa vie… mais je ne sais pas ce
que j’ai… ma bouche parle à ma place... »
Edris faillit lui
donner cent cinquante tomans pour le récompenser de son honnêteté, mais une
pensée chasse l’autre et il se contenta des quatre-vingt-dix — un billet de
cinquante mille rials et deux autres de vingt mille.
Dans la sécurité de l’appartement d’Edris, on
put faire le bilan de la journée. Ils conclurent de leurs observations que
seules quelques personnes s’étaient mises à dire la vérité, qu’elles avaient
été prises de cette ardeur après avoir bu certaines boissons. Y avait-il donc
des boissons qui ne provoquaient pas cet effet ? Edris avait si soif… Le
chauffeur du taxi avait bu une limonade… Javad avait bu un cola… Qu’avait pu
boire le mollah ? Edris ouvrit son réfrigérateur et en sortit une
bouteille d’eau. Courageusement, il en but une gorgée. Cela faisait tant de
bien à son gosier desséché !
« Demande-moi quelque chose que je
pourrais vouloir cacher, fit-il à Javad.
—
Comment
gagnes-tu ta vie ? Depuis deux mois que je te connais, je ne t’ai jamais
vu travailler…, dit l’étudiant.
—
Bien…
J’ai l’impression que l’eau ne me force pas à dire la vérité… », sourit
Edris.
Ensuite, Edris chercha à joindre son oncle au
téléphone, mais celui-ci ne décrochait pas. De surcroît, son répondeur
disait : « Je ne suis là pour personne. »
Le soir, aux informations, on ne parla que de
cette vague de diseurs de vérités. Des dignitaires religieux dissertèrent en direct sur les
causes de ce qu’ils appelaient non pas « vérités », mais « épanchements
de fermentations nauséabondes », « ivresses provocatrices ».
L’un d’entre eux accusait ouvertement l’occident d’avoir drogué d’une façon ou
d’une autre les fauteurs de trouble, un autre prétendait que c’était l’œuvre de
Satan qui ciblait en personne les hommes les plus justes et les plus pieux pour
les déchoir. L’auteur de ces mots était un ami du mollah Ali Reza ; il
était visiblement ému par la mort de son confrère.
Le présentateur reprit la parole, solennel, pour
égrener une liste d’événements inquiétants. Dans la capitale et dans de
nombreuses villes, des personnes mises en colère par ces provocations avaient saccagé des boutiques, des lieux publics,
avaient lynché des provocateurs.
D’innombrables faits-divers, parfois sordides, avaient eu lieu quand des
secrets amoureux, familiaux ou professionnels avaient été révélés par des
bouches brûlant de dire les secrets. Le journaliste enjoignit les
téléspectateurs à se barricader chez eux et à voir le moins de personnes
possibles.
Javad dormit chez son nouvel ami. Ils firent
chambre à part, par pudeur. Ils dormirent mal, car, provenant de la ville, on
entendait la rumeur de violentes émeutes. De plus, Edris songeait avec une
grande angoisse que Javad n’était pas le seul dépositaire du secret de ses
penchants amoureux.
Le lendemain matin, le jeune étudiant confia à
Edris qu’il se sentait beaucoup mieux, c’est-à-dire qu’il ne ressentait plus le
besoin urgent de dire la vérité. Ils en eurent un fou-rire nerveux.
Edris servit le petit-déjeuner. Javad fureta
dans le frigo et en sortit machinalement une canette qu’il décapsula.
« Si tôt le matin,
tu veux boire ce genre de truc ?, fit Edris.
— Oui, tiens, je ne sais
pas pourquoi j’ai pris cette orangeade… »
L’étudiant
déposa la canette ouverte sur le bord de la table.
Une
mouche vint alors se poser sur celle-ci et commença à absorber, avec sa trompe,
le jus sucré qui emplissait la petite gouttière. Elle se mit alors à voleter
de-ci de-là puis s’en fut trompéter dans l’oreille d’Edris… mais ici il y a plusieurs
versions concurrentes, selon les conteurs, sur ce que dit la mouche à Edris…
Selon
la plus répandue, la mouche dit : « Bzzz… Il n’y a de Dieu que Dieu
et Mohammed est son prophète. »
Une
autre version, ironique, fait dire à la mouche : « Bzzz… Il n’est de
Dieu que Dieu et Je suis son prophète. »
La
version la plus déprimante de ce conte lui fait dire : « Bzzz… Il n’y
a pas de Dieu, je suis le seul prophète de la mort. »
Il
en existe d’autres, mais je ne les ai pas toutes recensées.
En
tous les cas, Edris fut très surpris et il désigna la canette de soda :
« Ainsi
donc, c’est ce genre de boisson qui force ceux qui l’ingurgitent à parler un
langage de vérité. »
Edris
ne fut pas le seul à parvenir à cette déduction. Les personnes les plus
perspicaces trouvèrent rapidement la cause de ces excès de vérité. Certains en
tirèrent parti pour leur compte personnel, soit qu’ils fissent semblant d’être
sous l’emprise du sortilège afin de mieux faire passer leurs mensonges les plus
indigestes, soit qu’ils se servissent sur d’autres du pouvoir révélateur des
sodas afin de soutirer les informations autrement inaccessibles.
Puis
tout le monde sut la cause. La société ne s’en trouva pas mieux pour autant.
Les
plus idiots des hommes se pavanèrent à boire des sodas pour montrer qu’ils
n’avaient rien à cacher et prouver leur parfaite probité, de sorte qu’ils exhibèrent
leur vacuité stupide par grands bavardages ineptes et sans intérêt.
Et,
quand l’Etat eut acquis le contrôle de ces brusques surgissements de vérité, il
fit un usage notable du soda en matière d’interrogatoires et de procès. Le
corps judiciaire, le contre-espionnage et le corps religieux se mirent alors à
vanter les vertus du soda, qu’ils présentèrent désormais comme des breuvages
enchantés selon la volonté d’Allah.
Dans
le langage courant, on se prit à ne plus jurer sur le Coran, mais plutôt sur
les sodas, car c’était bien plus sûr. Quand l’affaire était sérieuse, on
demandait à sortir une canette de boisson sucrée, puis l’homme dont la sincérité
était mise en question pinçait la languette de la capsule entre ses doigts et
jurait qu’il disait la vérité. Si la foule autour de lui refusait de se laisser
convaincre, le type se faisait un devoir de boire quelques gorgées avant de pouvoir
enfin prouver sa bonne foi. C’était une cérémonie parfois amusante mais souvent
tragique car ceux dont la parole était mise en doute se mettaient dans tous
leurs états, suaient à grande eau, rugissaient leur désarroi. Plus
grandiloquentes étaient leurs dénégations, plus désespérée, plus humiliante
était la confession sous l’effet du soda : nul ne pouvait désormais se
soustraire à la vérité. La seule issue était la pitié de l’auditoire, le
menteur était alors laissé à ses mensonges, la foule haussait les épaules et se
détournait du supplicié, les larmes aux yeux et la main sur la canette fermée,
qui persistait vainement à implorer les autres de le croire.
Des
hommes de pouvoir organisèrent des interviews de confession à la télévision où
ils buvaient cérémonieusement un soda devant un journaliste obséquieux avant de
répondre en toute honnêteté à ses
questions. Mais il s’agissait d’une supercherie : ils avaient tout
simplement, pour duper le public, rempli d’eau gazeuse des canettes de marques
reconnues.
Afin
de rendre plus crédible leurs confessions, le journaliste préparait une
question prétendument piégeuse à laquelle l’illustre invité répondait sur un
ton léger avant de mettre sa main sur sa bouche comme s’il avait révélé le plus
embarrassant des secrets.
« Pardonnez
l’audace de cette question… Avez-vous des secrets déshonorants ?
— Hélas oui ! Que
Dieu me vienne en aide !
— Dîtes m’en un !
— Eh bien, le jour de mon
mariage, je ne trouvais plus deux chaussettes blanches, je me suis marié avec
deux chaussettes différentes, une blanche et une beige. Oh mon Dieu, qu’est-ce
que vous me faites dire ? (faux rire
pudique) Mon épouse n’aimera pas que je dise cela à la télévision.
— Justement… Aimez-vous
votre épouse ?
— Elle est ma lumière et
mon soutien dans cette vie, même si elle a pris un peu de poids depuis que je
l’ai rencontrée. (rire visqueux)
Oh ! Ces fichus sodas ! »
On
s’en doute, la société changea.
Les
prisons furent très vite surpeuplées de tous genres de piètres coupables.
Il
y eut certains sujets qu’on n’évoquait plus du tout, avec personne, par peur de
découvrir des choses qu’on préférait ignorer. D’ailleurs, on ne parlait plus de
rien qui soit d’importance. On ne parlait plus de politique ni de religion, on
ne parlait plus d’amour, on ne parlait plus des affaires professionnelles… Mais
on pouvait commenter la météo, évoquer les recettes de cuisine (même cela
nécessitait un certain nombre de précautions oratoires) ; à peine osait-on
parler des petits tracas quotidiens. Les amateurs de football avaient des
conversations totalement dépassionnées car il fallait à tout prix éviter que
l’argumentation technique prenne un tour personnel.
En
famille ou en public, les gens se dévisageaient et nombre d’entre eux avaient
les épaules basses. Beaucoup se sentaient fragiles et insignifiants. Il y avait
partout la même absence de plaisanterie, le même sérieux glaçant.
Aussi
incompréhensible que cela vous paraisse, une pénible hypocrisie se perpétuait
partout, délibérée, volontaire, entraînée par l’inertie que provoque la peur, la
peur des révélations et du déshonneur, la peur des déceptions et des trahisons,
la peur des déchirements, la peur des révolutions… On continuait de mentir, non
plus en paroles, mais par le silence.
Un
jour, Edris se rendit avec son oncle dans un café célèbre de la ville. Le
magicien avait fini par reparaître, plusieurs mois après l’apparition de ce
singulier phénomène des sodas.
Ils
s’étaient installés face à face, dans un coin, contre un mur de briques
apparentes. Edris, auprès de son oncle, se sentait toujours mal à l’aise.
C’était un homme massif, à l’air peu amène, prétentieux et d’humeur maussade.
« Je
retrouve les hommes toujours aussi cons… », avait dit l’oncle, en
préambule.
Edris
le séducteur perdait ses moyens. Il avait envie d’évoquer la malédiction des
sodas avec son oncle, il souhaitait que cet ours magicien fasse quelque chose
pour régler la situation. Les mots ne franchissaient pas ses lèvres.
« Rien
ne peut faire sortir les hommes des rails de la connerie… », continuait
l’oncle.
À
côté d’eux, un groupe d’hommes parlait littérature. L’un d’entre eux s’était
mis à parler de littérature européenne quand soudain un autre interpela le
serveur :
« Un
soda, s’il vous plaît ! N’importe lequel fera l’affaire… »
Un
grand silence incommode se fit dans la salle.
L’oncle
se tourna sensiblement vers le groupe de critiques littéraires. Edris baissa
les yeux vers sa tasse de tchai.
Celui
qui avait évoqué la littérature européenne avait pâli, ses yeux se creusaient
visiblement.
Le
serveur apporta un cola. On dit à l’esthète de poser sa main sur la canette.
« Combien
de livres français as-tu lus ?
— Une trentaine…
— Tu vas boire ce soda.
— Non, je… je pense que
j’ai dû en lire plutôt une dizaine.
— Combien de ces livres
as-tu lus jusqu’au bout ?
— Tous, je ne m’arrête
jamais quand…
— Tu le prends comme
ça ? Décapsule ce soda.
— Messieurs, ne nous
énervons pas… Oui, j’admets que je ne les ai pas tous finis…
— Combien ?
— Cinq… Non, quatre…
Trois. Hem, trois en fait. C’est vrai que c’est peu…, fit l’amateur démasqué.
— Non, ça me paraît bien,
trois. Et pourquoi n’as-tu pas fini les autres ?
— Eh bien… Je les ai
trouvés… ennuyeux. C’était intelligent mais… ennuyeux. »
Le bourreau de
l’esthète amateur avait un sourire narquois. Sa victime balbutia :
« je suis désolé… »
L’oncle d’Edris se
redressa dans son siège, se tourna vers son neveu et dit : « Quels
connards. Les hommes sont des connards… Je suis un connard, tu es un connard…
Les connards finissent toujours par prendre l’ascendant, quelles que soient les
règles du jeu. »
Edris dit :
« Oh, mon oncle. Je te donne sincèrement raison. Moi, dans ce monde de
connards, je me sens en danger…
— Nous sommes tous en
danger, tout le temps, mon petit.
— Mon oncle, je t’en
prie… Connais-tu un moyen de lutter contre cette conjuration magique des
sodas ?
— Je peux la faire cesser
en un claquement de langue.
— Oh ! Mon oncle…
— Arrête de m’appeler
ainsi, je m’appelle Ja’far. Edris… C’est moi qui ai prononcé la malédiction à
l’origine de ces événements. Sois sincère et dis-moi ce que tu penses de ce que
j’ai fait. »
Edris
sonda les yeux de Ja’far. Quand il ne portait pas ses grosses lunettes de
soleil, Ja’far avait une douleur souterraine dans le regard. Edris prit un
temps pour répondre, puis dit :
« Ja’far,
mon oncle… Depuis que je suis petit, je crains tes colères. Je sais pourtant
que tu ne me veux pas de mal. Malgré ma crainte, il est facile pour moi de dire
que ce que tu as fait est une splendide connerie. J’ai pu en voir les
conséquences !
— Haha ! Merci de
ton honnêteté. C’est ce que je veux. Je veux que tu me regardes dans les yeux
et que tu ne me craignes pas. Je veux que tu me respectes, que tu me parles
avec franchise.
— C’est pour cela que tu
as jeté ce sort ? Tu espérais que les gens se diraient en face les choses,
qu’ils oseraient critiquer, discuter d’égal à égal ?
— Hélas oui. Je suis
naïf, non ?
— Ja’far… Je n’aurais
jamais pensé pouvoir parler ainsi avec toi.
— Mais je suis surtout
trop con : une fois que j’ai jeté ce sort, je n’ai pas osé demander aux
gens sous l’emprise des sodas ce qu’ils pensaient vraiment de moi. J’avais trop
peur d’être blessé par leurs remarques. Je suis, quoi que je fasse, condamné à
être misanthrope.
— Alors, oncle Ja’far, tu
es beaucoup plus humain que ce que je pensais.
— Tu m’as dit que tu te
sentais en danger, de quoi s’agit-il ?
— Oncle Ja’far, j’ai des
pensées, je commets des actes inoffensifs qui offensent néanmoins la morale. Et
puis… J’aime…
— Ah ?…
— Il s’appelle Javad. Nous
risquons à tout moment la prison.
— Pour toi, mon cher
neveu, je lève le sortilège. Mais pas seulement pour toi : mon idée
stupide a causé beaucoup trop de victimes innocentes. La vérité ? Quelle
connerie… »
Ja’far marmonna une formule
magique, sa voix grave coula sur la table, le long des pieds, étendit sa portée
invisible sur le monde et le soulagea d’une loi magique en trop.![]() |
Sleeping in the Street - No3 (2007) - Babak Roshaninejad
Photo © Assar Art Gallery
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