lundi 22 décembre 2014

S'amuser au collège : le Jeu de l'Autruche

Von dem Straussen - Autruche
Le Jeu de l'Autruche est un jeu rituel par lequel les élèves signifient au professeur leur respect craintif. L’exécution de cette cérémonie amusante est très simple : le professeur devra d’abord tourner le dos aux enfants au prétexte par exemple qu’il a quelque chose à écrire au tableau ; l’un des petits dira alors, de sa voix la plus innocente, « autruche » ; ses camarades et lui se précipiteront sous les tables dans un bref chahut de chaises, puis ils y resteront tapis. Ainsi, le professeur se retournera et constatera le calme puissant de la classe vidée des têtes des élèves. Les détails émouvants d’un pied ou d’une main dépassant de l’abri des tables, le souffle court des respirations des enfants, enjoindront le maître à la complicité. À son tour, il devra jouer son rôle.

Il est maintenant le maître du jeu : c’est lui qui décide de sa durée et de sa théâtralité. S’il fait ce qu’on attend de lui, il se raclera profondément la gorge, fera comme le grondement guttural d’un molosse avant l’attaque, puis il dirigera la clameur puissante de sa colère contre les tables-abri où les élèves se recroquevilleront sous l’impact de sa fureur sonore. Il tempêtera, il hurlera et honnira le comportement des enfants ; il (ou elle) fera comme le loup du conte qui souffle les maisons des trois petits cochons. Sous leurs tables exiguës, les petits trembleront en claquant des dents. Et le professeur fera les cent pas dans la classe, en promettant tous les plus terribles tourments à ces coquins. Au ras du sol, on pourra remarquer sous le pantalon trop court de l’enseignant ses chaussettes fantaisie qui montrent bien que tout cela n’est qu’un jeu. Dans le cas d’un professeur grincheux qui n’aimerait pas ce jeu, celui-ci devra faire semblant d’en rire et concéder la mort dans l’âme qu’avec le temps il a perdu le goût de jouer. 

À noter : dans certains collèges ruraux, ce jeu est nommé le Jeu de la Taupe. Le professeur dûment averti peut donc se munir d’un lourd maillet et se préparer à un joyeux défouloir.

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